(Agence Ecofin) – En matière de performance logistique, les pays africains sont à la traîne, et occupent des positions inférieures dans le dernier rapport de la Banque Mondiale « Connecting to Compete ». L’étude basée sur la pertinence de la chaîne de valeur logistique dénote des retards sur la qualité du transit douanier, des infrastructures, de l’organisation des expéditions et de la qualité des services logistiques.
Mais une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs veut résoudre ces problèmes, en proposant des solutions basées sur les nouvelles technologies. Les start-ups logistiques africaines attirent de plus en plus d’investisseurs, et les opportunités dans ce secteur ne feront que croître avec l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Une opportunité pour de nombreux jeunes qui souhaitent se lancer dans un projet d’entreprise rentable.
Les connaissances nécessaires
Avant de se lancer dans un tel projet, l’entrepreneur se doit d’établir une étude du marché et comparer les modèles économiques propres à l’activité. On doit également se renseigner sur les implications administratives et réglementaires liées au projet.
De manière générale, les start-up de logistique interviennent dans la planification, la mise en œuvre, le contrôle et le transport des marchandises ou autres fournitures, au sein d’une chaîne d’approvisionnement reliant un point d’origine et une destination finale. Elles proposent un site web ou une application dans les activités suivantes : la gestion des flottes, les services à la demande (mise en relation), les services pour entrepôts, le suivi et la transmission des opérations de transport des marchandises. On peut cibler une niche ou choisir de regrouper les différentes opérations pour assurer la gestion de l’ensemble de la chaîne logistique sur une même plateforme.
Comment apprendre
Pour se lancer dans la logistique connectée, il faut avoir des compétences en logistique et en chaîne d’approvisionnement. Il faut également être outillé sur les différentes opérations logistiques, les investissements, la gestion des risques et des biens. L’apprentissage se fait dans les instituts de management, centres de formation et d’enseignement professionnels aux métiers du transport et de la logistique dans son pays. Des compétences en informatique et en programmation ou développement d’applications et de sites, sont nécessaires au sein de son équipe.
Quel budget pour se lancer ?
L’avantage d’une start-up logistique est que celle-ci peut fonctionner sans avoir à prévoir un budget pour l’achat de moyens de transport ou des entrepôts, les déplacements et le stockage étant assurés par les propriétaires de flottes et d’entrepôts. Pour un début, le budget concernera le développement de l’application ou du site web. Le coût final d’un tel projet dépend du choix et de la qualité de la plateforme qu’on veut créer, mais il peut varier en moyenne entre 1 000 USD et 10 000 USD, voire plus, si on commande des fonctionnalités avancées et un design personnalisé. On peut opter pour un site, une application simple ou une multiplateforme. La dernière option est de plus en plus adoptée par les entrepreneurs et est plus économique qu’une plateforme distincte.
Quel matériel ou équipement ?
Un projet professionnel exige des investissements alloués aux locaux et installations, le marketing, la promotion, et les opérations liées à la phase de démarrage. Outre la plateforme en ligne (application ou site web), il faut prévoir un système d’appel et de GPS pour suivre en temps réel les livraisons de camions en route et communiquer directement avec les chauffeurs, les fabricants et les distributeurs. On aura également besoin d’un système de sécurité des données et opérations sur le site ou l’application.
NB : Il est judicieux de proposer un moyen de paiement adapté aux réalités africaines, le continent étant majoritairement sous-bancarisé. Inclure une option de paiement flexible qui ne nécessite pas d’avoir une carte bancaire pourrait permettre de se tailler une belle part de marché dans les zones rurales.
Où s’approvisionner ?
L’approvisionnement concerne les outils et logiciels de développement de sites web et d’applications. Une plateforme de logistique comporte trois principaux panneaux à savoir le panel d’utilisateurs, le panel de conducteurs ou de répartiteurs, et le panel de l’administrateur. Pour créer notre plateforme, on devra solliciter un développeur qui va se charger des différentes fonctionnalités requises.
Comment trouver des clients ?
Selon des estimations de la Banque mondiale, il peut coûter jusqu’à cinq fois plus cher de transporter des marchandises en Afrique subsaharienne qu’aux États-Unis, en cas de problèmes logistiques et d’infrastructures routières. A cela s’ajoute les contraintes liées à la pandémie actuelle de Covid-19, qui a contraint de nombreux acteurs du domaine à adopter les solutions digitales pour assurer leurs activités. Ces arguments pourront permettre de se trouver des clients au sein des propriétaires de flottes de véhicules, des propriétaires et les conducteurs de camions, des destinataires des bien à transporter, et même les agriculteurs.
A quel moment/volume devient-on rentable ?
La rentabilité d’une entreprise se calcule généralement sur une période de trois à cinq ans. Elle peut varier en fonction du climat dans lequel on évolue. Une start-up de logistique fait payer aux prestataires (chauffeurs) entre 5 et 10 % de leurs honoraires. Elle tire également ses revenus auprès des propriétaires de flottes et de marchandises.
Pour avoir un aperçu sur la rentabilité du secteur, on peut s’inspirer de la célèbre plateforme Kobo360 du Nigérian Obi Ozor, qui, en seulement 3 années d’existence, a levé plusieurs financements importants dont un financement de 30 millions de dollars US auprès de Goldman Sachs et des banques. Elle a étendu ses activités au Kenya, au Ghana, au Togo, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Ouganda et compte plus de 50 000 conducteurs sur son application. Parmi ses clients, des grandes entreprises comme Dangote, DHL et Unilever.