Selon le cabinet d’audit financier Ernst & Young, l’espace FinTech africain a enregistré un taux de croissance annuel de 24% au cours des 10 dernières années. Il y a actuellement plus de 400 start-up FinTech actives sur le continent, dont 80 % sont détenues par des entrepreneurs locaux. Leur succès repose particulièrement sur l’aspect social, avec l’inclusion financière des établissements informels et des personnes issues des milieux défavorisés, bien loin des normes des banques classiques. Face aux modes de fonctionnement flexibles de ces néo-banques, les populations adoptent progressivement leurs offres, d’autant plus que les nouvelles technologies ont largement contribué à faciliter l’accès aux opérations bancaires.
Les connaissances nécessaires
Pour créer une FinTech, il faut se renseigner au préalable sur l’acquisition d’une licence et d’un compte bancaire de sa start-up. L’étude du marché est primordiale pour connaître la concurrence et se démarquer avec un produit innovant. Les offres des FinTech sont regroupées en sept principales catégories à savoir : paiements, prêts, transferts de fonds, investissements, assurances, blockchain/cryptomonnaie et technologies spécialisées. Il est donc important de connaître sa cible avant de se lancer. On peut toutefois proposer plusieurs offres en fonction de la stratégie de sa start-up et de la cible que l’on souhaite atteindre.
Comment apprendre ?
La formation bancaire et financière en Afrique se fait dans les universités et écoles de commerce, les centres de formation des banques, les centres ou activités de formation des organismes internationaux et de coopérations, et les instituts privés. Parmi les établissements proposant les formations dans le domaine, on peut citer l’institut supérieur africain d’assurance banque et bourse (ISAB), le centre africain d’études supérieures en gestion (CESAG), le centre ouest africain de formation et d’études bancaires (COFEB), la BGFI Business School (BBS), l’institut technique de banque (ITB), l’école supérieure de banque, les facultés des sciences économiques. Plusieurs organismes étrangers proposent également des formations dans le domaine, à savoir l’institut bancaire et financier international (IBFI), l’institut de la banque mondiale, etc.
NB : Des compétences en informatique et en programmation ou développement d’applications et de sites, sont incontournables au sein de son équipe.
Quel budget pour se lancer ?
Les start-up FinTech doivent disposer d’un budget pour les locaux, les installations, le marketing, la promotion, le partenariat, etc. L’investissement moyen peut varier de 10 000 à plus de 100 000 euros en fonction de la taille de la start-up qu’on veut lancer. Ce budget concerne principalement l’obtention d’une plateforme en ligne, les autorisations et documents administratifs propre à ce type de projet, et le système de sécurité des données et opérations bancaires. Si on n’a pas les moyens, on peut commencer par proposer un prototype viable auprès des investisseurs et des systèmes bancaires existants, afin de nouer des partenariats financiers qui couvriront les dépenses liées à la création et à la mise à l’échelle de sa start-up.
Quel matériel ou équipement ?
Un service financier basé sur les nouvelles technologies nécessite bien évidemment une plateforme en ligne, une location et un équipement technologique approprié. On peut proposer un site internet au début, et améliorer son offre plus tard en créant une application mobile plus accessible aux populations. C’est un domaine d’activité dans lequel on a besoin d’un développement de logiciels sur mesure. En outre, la gestion d’un tel projet implique de disposer de nombreuses données financières importantes et confidentielles. La sécurité des données est de ce fait une partie très importante du développement de la plateforme.
Où s’approvisionner ?
L’approvisionnement concerne les outils et logiciels de développement de sites web et d’applications, proposés en versions payante ou gratuite par les designers et créateurs de produits numériques sur les plateformes et magasins d’applications. Ils sont utilisés dans la création du wireframe, typographie, palettes de couleurs, prototypes de site ou d’application, logo, éditeur de texte, etc.
Comment trouver des clients ?
Avec un taux de bancarisation inférieur à 20% sur le continent, il existe une importante demande inexploitée de services de paiement, de prêt, d’épargne, d’assurance et de gestion financière. Le succès des start-up FinTech repose de ce fait sur l’aspect social, avec l’inclusion financière des établissements informels et des personnes issues des milieux défavorisés. Ainsi, les modèles tels que le service bancaire sans agence, les services bancaires mobiles et l’accès au crédit à grande échelle qui, réduisant les coûts des services, permettent d’accéder avec profit à des populations non bancarisées. On peut également nouer des partenariats avec les banques classiques pour inclure son offre dans leurs services.
A quel moment devient-on rentable ?
La rentabilité d’une FinTech dépend du modèle économique et du pays dans lequel on souhaite s’implanter. Il faut en moyenne 3 à 5 années à une FinTech pour réaliser un chiffre d’affaires compris entre 300 000 et 1 million d’euros. Il a fallu 4 années à la FinTech sénégalaise PayDunya créée en 2015, pour atteindre une moyenne de 50 000 transactions par jour et un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros en 2019.
Les facteurs clés de la rentabilité d’une start-up FinTech reposent sur la réduction des coûts des opérations bancaires classiques, la conclusion de partenariats stratégiques, l’innovation en matière de produits, l’intégration aux systèmes de paiement existants, le soutien des gouvernements, l’élargissement de la gamme de produits, et le ciblage des marchés mal desservis.
Aïsha Moyouzame