Vivre hors de son pays n’est pas du tout évident. En plus des problèmes liés au besoin presqu’impératif de s’intégrer, de la quête sous contrainte morale, financière ou familiale de la réussite et du succès, la vie des ressortissants d’un même écosystème initial, est confrontée à un nouveau contexte social et culturel. Plusieurs africains découvrent un nouvel environnement et se doivent de l’affronter avec, qui le peu de sagesse dont ils disposent, qui les expériences hélas quasi insuffisantes. Les paradigmes du pays d’origine et du pays d’accueil sont différents : tout ce dont on dispose on devrait l’utiliser en tenant compte du paradigme actuel.
Dans des circonstances où beaucoup n’apprennent que lorsqu’ils font face à l’échec de nombreuses personnes ont décidé d’emboiter le pas et d’aborder des sujets communs issus des bonnes et mauvaises expériences pour conscientiser leurs confrères avec un style et une approche essentiellement communautaires. Le FranCamAnglais, et certains termes propres au Jargon camerounais, n’auraient jamais été autant vulgarisés qu’avant leur emploi par l’un des influenceurs sociaux les plus suivis dans la communauté camerounaise, le « Warman du terre à terre ». Parmi les nombreuses critiques à l’endroit de ce « sociologue à la marécageuse » il revient, de la part des filles des dames et des femmes, le fait qu’il se prononce le plus souvent en faveur de la gent masculine.

Il a fallu du temps avant que ces critiques observent une représentation sociale en leur faveur, celle-ci venant de deux jeunes camerounaises aux allures de mannequins, Sandra Faleu, et Émilie Joviale Kenne. Etudiantes en Allemagne, respectivements dans les domaines économique et technique, elles ont opté pour la conscientisation de la jeunesse camerounaise en abordant des sujets vulgaires et tabous sur les plateformes digitales facebook et instagram. Natives de Douala, Emilie joviale, fait ses études primaires à l’école Nal, ensuite au collège de la conquête. Sandra, quant à elle, fait le cycle secondaire au collège Saint Michel jusqu’à l’obtention du Brevet est Études du Premier Cycle (BEPC). Son passage au Collège Chevreul de la classe de 2nd en terminale est sanctionné par l’obtention d’un baccalauréat. Par la suite elle étudie la langue allemande entre les derniers trimestres de l’année 2015 à 2017.
« le ndolo international », « La jachere », « le casier judiciaire », « la mimba », « les panthères », « les supers mougous », « la yamo ». Telles sont entre autres les thèmes et thématiques abordés par ses deux jeunes blogueuse sur leur canal YouTube. Formulées dans un langage typique camerounais, vous aimeriez probablement savoir ce que ces expressions signifient ? Pas de réponse dans cet article, bien vouloir consulter les vidéos s’il vous plait.

Elles sont en effet plus d’une dizaine, chacune longue d’une dizaine de minutes, fournie de cas sociaux concrets, d’avis diverses, d’argumentations sans protocoles, dans un décor rangé. Deux visages joviaux, des prises de paroles coordonnées enjolivées par une touche d’humour qui se glisse régulièrement, à contre temps. Sandra et Émilie, promotrices du Vlog Sandra Émilie, ont surtout cette particularité de fournir un contenu instructif en très peu de temps. Disposeraient-elles peut-être d’une formation en communication, comme leurs confrères Steve FAH ? Non ! :
« Nous ne disposons pas d’une formation quelconque en communication, Émilie est technicienne et moi je suis une économiste (il est vrai que la communication fait partie des compétences requises chez nous). La question qu’on nous pose généralement est de savoir si nous préparons des textes. Non, nous avons besoin de 1h30 à 2h pour tourner une vidéo, incluses toutes les pauses qu’on prend à blaguer, Nous faisons ces vidéos d’une manière spontanée. Émilie propose un sujet à l’avance reçoit les commentaires que nous abordons spontanément devant la caméra. “
La cohérence et la facilité à s’accorder sont naturelles chez ces deux filles. Elles l’avouent d’ailleurs d’un timbre vocal modeste :
“nous savons improviser, les mots viennent d’une manière spontanée, et s’ajustent d’eux-mêmes.”
Émilie et Sandra se connaissent depuis l’hiver 2015. L’idée de lancer une chaîne YouTube vient initialement d’Émilie: “Honnêtement, Émilie est motivée, elle veut impacter, elle avait déjà une chaine YouTube et m’avait proposé l’aider avec une vidéo, à faire relever sa chaine. De ce fait nous avons enregistré la première vidéo avec mon téléphone et au moment de la publier, je ne pouvais pas me connecter au compte YouTube d’Emilie. C’est de là que s’impose l’idée, déjà proposée avant par Émilie, de créer un compte commun Gmail. Au départ je n’étais pas très d’accord, je ne m’imaginais pas dans des Vlog sur YouTube, mais pour Émilie c’était sa passion. Elle a réussi à me convaincre et me rassurer, j’ai cédé.” Une fois d’accord, la chaîne YouTube commune est créée et la toute première vidéo postée. Le Warman est impressionné et partage la vidéo sur sa page facebook, incitant une masse d’internautes à se rediriger vers la chaîne YouTube de ces dernières. La page du Warman elles la connaissent comme de nombreux autres camerounais : “C’est une page que nous suivons, Émile et moi, nous y avons le badge de Super fan”.
Le concept de la chaine YouTube Sandra Émilie se rapproche beaucoup de celui du Warman. D’aucuns pourraient d’ailleurs affirmer que c’est une copie. Nos jeunes Vlogueuses ne voient pas la chose de cette façon: “nous essayons de suivre ses pas. En tant que jeunes filles qui aimeraient évoluer et impacter positivement dans la société, apporter un plus à la jeunesse. Ce concept conduit à une bonne finalité : avoir un impact positif sur la jeunesse. C’est cette finalité qui nous motive et nous intéresse avant tout”. Loin d’être une alternative pour le Warman elle se veulent de l’épauler dans son initiative en comptant beaucoup plus sur son soutient “ Le Warman est comme un mentor pour nous, c’est lui qui nous pousse à faire ce que nous faisons aujourd’hui”.
La passion est l’une des sources d’Energie des promotrices du Vlog Sandra Émilie, sinon la plus importantes. Elles ne sont tout de même pas contre d’autres sources de motivation : “Même si la première chose qui nous motive c’est la passion, ce serait d’autant plus optimal que cette passion nous permette d’avoir des entrées financières et de progresser dans ce qu’on fait, en nous donnant par exemple la possibilité de nous procurer un matériel audiovisuel plus sophistiqué”. De nombreux partenariats sont en cours avec nos jeunes promotrices et leurs portes largement ouvertes :
« Nous aimerions conclure des partenariats avec ceux qui s’inscrivent dans la même ligne idéologique que la nôtre. À l’instant où je vous parle certains partenariats sont en déjà en cours. Pour le moment la seule personne qui nous soutien et nous sponsorise c’est le Warman, nous sommes ouverts à toute personne ou entité qui aimeraient nous aider à évoluer dans cette initiative.”
Les tendances empathiques de Sandra et Emilie ne se limitent pas juste au plan social. Elles estiment que tout le monde devrait avoir de quoi subvenir aux besoins vitaux de l’existence et n’excluent pas des futures campagnes à portée humanitaires à travers leur Vlog. Ce ne sera d’ailleurs pas la première, vu que les deux sont déjà « engagées dans ce sens ».
Kevin TCHOKODEU