Si dans nos métropoles, il n’est pas rare d’observer de gros engins sophistiqués servant au transport des personnes et des marchandises –en l’occurrence des bus, des camions, des cars, etc- la réalité n’est pas la même dans certaines localités du pays.
En effet, la situation d’enclavement freine le développement du secteur agricole dans des zones reculées, qui pourtant approvisionnent les marchés où se ravitaillent les populations. Ceci n’est pas un fait nouveau, mais des mesures gouvernementales sérieuses pour l’aménagement routier n’ont toujours pas été prises, ce qui rend précaire le moyen d’acheminement des récoltes, des champs vers leurs lieux de vente et distribution en ville.
La situation devenant de plus en plus grave et les agriculteurs désemparés de voir leurs produits, l’idée est venue aux conducteurs de motos de rallonger la partie arrière de leur instrument de travail et le renforcer de manière à pouvoir supporter des charges beaucoup plus lourdes que d’habitude. Ces motos géantes peuvent atteindre jusqu’à dix places y compris le chargement de marchandises à leurs extrémités, adaptées pour la cause.
«Quand tu portes peut-être trois personnes, elles sont un peu compressées, trop serrées. On a un peu réfléchi de souder un peu le port de bagages ; ça nous a poussés aussi à réfléchir à tirer le châssis, mettre derrière, adapter les fers et doubler les amortisseurs.» explique un ’’moto man’’. Ils viennent pour ainsi dire à la rescousse de ces producteurs abandonnés à eux-mêmes, tout en augmentant leur chiffre d’affaires et celui des mécaniciens qui s’occupent de retoucher leurs motos. Elisabeth NINKAM pour sa part fait savoir que si ces derniers ne descendent pas dans leurs champs, c’est eux qui y resteront, car les voiture n’y arrivent pas.
« Là où la route passe, le développement suit », entend-on souvent dire. Espérons que les autorités prendront conscience de ce fléau ruro-urbain et agiront en conséquence pour des villages comme Bayé et bien d’autres sur le triangle national.
Helena MBONGA.