L’édition 2020 du Prix Goncourt, le plus prestigieux des prix de la littérature française, a été décernée ce lundi 30 novembre 2020 au cours d’une cérémonie tenue par visioconférence.
La récompense est revenue à l’écrivain français Hervé Le Tellier (photo) pour son roman intitulé ‘‘L’Anomalie’’, publié chez Gallimard, qui explore la part de l’Homme qui échappe à son contrôle.
Agé de 63 ans, M. Le Tellier est mathématicien de formation et ancien journaliste. Il est aussi le président de l’association de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle). Son roman a été choisi par huit voix contre deux pour « L’Historiographe du royaume » de Maël Renouard.
La camerounaise Djaïli Amadou Amal, qui faisait partie des quatre finalistes, a donc perdu, échouant à la dernière place. Mais c’est une défaite au parfum de victoire puisque notre compatriote est la première femme d’Afrique subsaharienne à se hisser à ce niveau de la compétition.
Avec son ouvrage intitulé ‘‘Les impatientes’’, la romancière explore les thèmes du mariage forcé et de la polygamie, à travers les personnes de trois femmes peules. Une manière pour cette femme, mariée de force à l’âge de 17 ans, de dénoncer un phénomène qui touche près de 40% des jeunes filles au Cameroun.
Malgré la défaite donc, Djaïli Amadou Amal, Prix de la presse africaine en 2019, s’est donnée une visibilité mondiale pour défendre sa cause. De même, elle a hissé très haut le drapeau vert-rouge-jaune.
L’écrivaine camerounaise, portée par les encouragements et les bénédictions de son pays le Cameroun, et même de toute l’Afrique puisqu’elle était la seule porte-flambeau du continent, a immédiatement après le verdict, tenu à exprimer sa gratitude dans un message posté sur sa page Facebook. Celui-ci est en outre l’expression de sa détermination à continuer à œuvrer pour la cause de la Femme et à maintenir la flamme de l’espoir allumée, face aux multiples injustices sociales dont elle est victime.
Message de Djaïli Amadou Amal :
Depuis ma présélection, le 15 septembre dernier, au prix Goncourt, le prix le plus prestigieux de la littérature française, j’ai vécu à ce jour des moments les plus haletants et des plus exceptionnels de ma vie littéraire. Une campagne qui m’a portée, étape de sélection après étape, à l’ultime marche historique pour la littérature camerounaise et africaine. Je remercie mon éditeur Emmanuelle Collas Galaade et toute son équipe, ainsi que tous celles et ceux, de part le Cameroun, l’Afrique et le monde, qui m’ont accompagnée et soutenue dans ce périple O combien éprouvant mais exaltant.
Ensemble nous avons écrit une page historique de la littérature camerounaise et africaine, qui est surtout la reconnaissance du combat central de mes convictions littéraires dévolues à la femme, mère de l’humanité. Ensemble nous avons porté l’espoir dans une nouvelle dimension, l’espoir d’un lendemain meilleur pour non seulement la femme, mais pour l’humanité entière. La flamme que nous avons allumée ne s’éteindra pas !
J’exprime par la même occasion une pensée à tous ceux et celles qui m’ont soutenue dans mon parcours, ainsi qu’à mes devancier(e)s, ces noms de la littérature africaine et internationale qui m’ont inspirée et qui, d’une façon ou une autre, ont forgé ma carrière d’écrivaine.
Par Tato KAMDEM