Dans plusieurs pays africains, le nettoyage et la réfection des chaussures constituent une activité plutôt rentable, notamment en zones urbaines, du fait de la forte demande. Le Sud-africain Gonste Nxumalo, y a vu une opportunité de gagner des revenus et d’impacter la vie des jeunes désœuvrés de sa communauté.
Dans les villes africaines, les activités de réparation ou de nettoyage de chaussures sont perçues comme étant des métiers de pauvres. En Afrique du Sud, Gonste Nxumalo, un entrepreneur autodidacte de 29 ans qui réside à Johannesburg, a décidé de changer le narratif du secteur, en lançant sa propre entreprise dans ce domaine.
Il explique lorsqu’il parle de lui, que son projet peut se comprendre comme une tendance naturelle dans sa famille à faire les choses différemment. Son papa se souvient-il, avait déjà dans une Afrique du Sud où régnait la ségrégation, construit un label musical avec un groupe d’amis, ce qui à l’époque relevait de l’exploit.
Pour sa part, il a choisi d’implanter sa société Orlando Sneaker Care Technicians (OSCT) dans le township (quartier populaire majoritairement peuplés de noirs) d’Orlando East Soweto, le quartier de son enfance, pour montrer par l’exemple que la jeunesse de cet endroit a des perspectives d’avenir. Son entreprise employait à la fin 2021 un groupe de 5 jeunes, dont 3 permanents et 2 temporaires.
Après avoir obtenu son diplôme en comptabilité et administration des affaires à la Boston City Campus de Johannesburg, il a décidé en 2016 de se lancer, faute d’avoir trouvé un emploi dans son domaine d’expertise. Il offre des services de nettoyage et de réparation de chaussures de sport, de bottes d’escalade, de chaussures à talons et d’entretien de cuir.
L’entrepreneur explique que les prix sont fixés en fonction du type d’entretien demandé par le client, et aussi qu’il utilise des produits adaptés à chaque type de chaussure pour ne pas en abîmer la texture. « Notre vision est de faire de l’hygiène et de l’entretien des chaussures une partie du style de vie de chacun en rendant les services OSCT disponibles aux quatre coins de l’Afrique du Sud. » explique-t-il sur la page facebook de OSCT.
À ses débuts en 2016, Gonste Nxumalo devait se rendre auprès de sa clientèle pour collecter les chaussures à nettoyer. Mais il a bien évolué depuis lors, et possède désormais son propre emplacement où il peut recevoir et restituer les chaussures. Pour rester fidèle à sa logique de l’entrepreneur autonome, il affirme avoir bâti chaque élément de son entreprise pas à pas, sans avoir besoin de gros financements. Il voulait pouvoir un jour prouver aux jeunes de son quartier qu’il est possible de réussir en partant de rien, bien qu’ayant grandi dans des conditions difficiles et avec des opportunités limitées.
« J’ai construit mon magasin sans parrainage ni soutien, mais avec persévérance et travail acharné. Nous ne pouvons pas continuer à attendre que d’autres viennent construire pour nous, autant le faire par nous-mêmes et créer des emplois pour notre peuple, tout ce que nous avons c’est nous, pour être honnête » affirme-t-il.
Même si les objectifs et la logique entrepreneuriale sont différents, des initiatives comme celles de Gonste Nxumalo sont nombreuses en Afrique subsaharienne. Au Togo en Afrique de l’Ouest, l’entreprise Deluxeco, elle aussi fondée par un jeune, offre le même type de service en plus du nettoyage de vêtements.