Au Rwanda, Apollinaire Karegeya est l’un des 1ers fermiers à utiliser l’aéroponie, technologie agricole nécessitant peu d’eau et pas de terre pour cultiver. Selon lui, cette innovation devrait jouer un rôle majeur dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et la dégradation des surfaces arables.
L’aéroponie est une méthode de culture écologique qui consiste à maintenir les racines en suspension dans le vide, à l’intérieur d’un espace d’aspersion obscur. Une solution nutritive est pulvérisée sur les racines à intervalles réguliers, ainsi qu’une petite quantité d’eau. Constamment exposées à l’oxygène et à l’humidité, les plantes atteignent leur potentiel d’absorption maximal. Cette technique permet aux agriculteurs de contrôler l’humidité, la température, le pH et la conductivité de l’eau à l’intérieur d’une serre.
Au Rwanda, Apollinaire Karegeya est l’un des premiers à utiliser cette innovation agricole. Né dans une famille de cultivateurs de pommes de terre, il a opté pour l’aéroponie afin d’améliorer ses rendements dans le respect des normes environnementales. Grâce au soutien de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du gouvernement, il a réussi à la mettre en pratique en 2015, et a constaté que cette forme de culture aidait à prévenir les maladies des plantes et à augmenter la productivité.
Alors que 67% des Rwandais vivent de l’agriculture, la menace du changement climatique pèse sur les terres arables, laissant présager une insécurité alimentaire dans le pays. Selon les chiffres de la FAO, la population du Rwanda devrait passer de 12,3 millions d’habitants à 16,9 millions en 2032, avec pour effet immédiat une forte demande en nourriture. Pour Apollinaire Karegeya, l’adoption de l’aéroponie devrait jouer un rôle majeur dans l’alimentation de la population croissante de son pays, et dans la lutte contre la dégradation des sols.
Grâce à l’aéroponie, il peut faire pousser les plantules, pour les repiquer dans sa ferme et cultiver les pommes de terre. Il vend également ses plants à des agriculteurs qui les utilisent dans leurs exploitations agricoles. À ce jour, il cultive 2 500 plants dans sa serre, qui permettent de produire des pommes de terre en moins de 3 mois.
« Comme il ne s’agit pas d’une agriculture de rotation, je fais pousser 3 fois par an. Lorsque les nutriments sont bien régulés, vous pouvez être assuré du rendement. Ce n’est pas le cas de la culture en plein champ où vous êtes à la merci de la nature », a-t-il confié sur le site des Nations Unies.
À présent, l’entrepreneur utilise les médias locaux afin de sensibiliser les exploitants agricoles rwandais sur l’adoption des nouvelles pratiques agricoles comme l’aéroponie.
Aïsha Moyouzame