Au Rwanda, les producteurs de céréales ont souvent du mal à conserver leurs cultures. Pour y remédier, l’entrepreneur Thiery Shema a conçu des séchoirs mobiles fonctionnant à l’énergie solaire.
Crop Tech, entreprise rwandaise spécialisée dans la conception de machines agricoles, fournit des solutions mobiles de séchage et de battage pour les céréales. La particularité de cet équipement est qu’il est alimenté par des énergies renouvelables. La start-up se spécialise aussi dans le transport et la logistique des cultures, tout en reliant les agriculteurs au marché de consommateurs à travers sa plateforme digitale.
Thierry Shema, 24 ans, ingénieur environnemental, a eu l’idée du séchoir à grains mobile en 2018, après avoir échangé avec un producteur de maïs qui avait du mal à conserver sa récolte.
« Nous avons rencontré John Rwabigwi, un producteur de maïs dans la province orientale du Rwanda. Comme lui et beaucoup d’autres, il a déclaré qu’il était grandement affecté par le manque de technologie décente de séchage du maïs ainsi que d’autres services post-récolte, y compris, mais sans s’y limiter, le transport et la logistique, le marketing, etc… C’est ce qui nous a poussés à créer Crop Tech Ltd », a-t-il renseigné.
Au Rwanda, on estime entre 16 à 22 % les pertes post-récolte pour les céréales. Pour causes, le manque d’équipements de conservation, et l’exposition de la récolte aux aflatoxines, des substances toxiques que l’on retrouve régulièrement dans les denrées de base mal stockées comme le maïs, le riz, le sorgho, le millet, le blé, le manioc. Le pays a pour objectif de réduire ces pertes à 5% d’ici 2024 en utilisant différentes technologies post-récolte.
L’objectif de Crop Tech est de donner aux agriculteurs les moyens de surmonter les pertes post-récolte grâce à une technologie adéquate. Cela leur permettra d’améliorer leurs revenus. En réduisant les aflatoxines et en remplaçant les émissions de polluants atmosphériques provenant du diesel souvent utilisé dans les séchoirs, l’innovation devrait permettre au pays d’atteindre ses objectifs de croissance pour la filière céréalière.
L’équipement de Crop Tech a la capacité de sécher 500kg de céréales en trois heures. Chaque semaine, la start-up sèche environ 60 tonnes avec ses trois machines. Le fondateur assure qu’ils réduisent l’humidité à un taux compris entre 18 % et 13 %. Les appareils étants coûteux pour les agriculteurs, il a opté pour un modèle de location. Ainsi un agriculteur devra débourser en moyenne 18 000 rwf pour sécher une tonne de céréales.
Pour le moment, Crop Tech n’a fabriqué que peu séchoirs, ce qui pose un problème face à la forte demande qu’elle ne parvient à satisfaire.
Aïsha Moyouzame