La transition digitale ne passe pas inaperçue et son impact se manifeste de plus en plus dans l’écosystème social en Afrique. L’augmentation du taux d’Access au réseau internet et son faible coup, le travail acharné des UI/UX designers pour améliorer les interfaces utilisateurs, la vulgarisation des réseaux sociaux ont tous permis à ce qu’il y ait une justice sociale de plus en plus grandissante.
La ligue arabe, nous nous la rappelons, après l’imolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, a été incubée grâce aux réseaux sociaux, à travers lesquels des appels à la marche étaient lancés et retransmis à une vitesse assez grande pour mobiliser suffisamment de personnes. Même si après, ses réseaux, facebook et WhatsApp Messenger par exemple, ont décidé de limiter la portée des publications pour des objectifs purement commerciaux.
La nuit du 15 au 16 Juillet 2016, le “Conseil de la paix dans le pays” une faction armée turque tente avec échec un coup d’État contre président Recep Tayyip Erdoğan. Sans vouloir négliger les différentes interventions militaires et politiques qui ont concouru à cet échec, il est à noter que le président de la république turque s’était adressé au peuple turque, lui demandant de résister, en ayant recours à l’application d’Apple, faceTime (voir la vidéo). Un geste que Paul Biya son homologue camerounais ne pouvais pas s’imaginer de faire 32 ans avant, pendant le coup d’état manqué de 1984. En effet des putschistes avaient envahi la chaîne de télévision nationale, la Cameroon Radio Television (CRTV), seul moyen par lequel les communiqués officiels et officieux, pour le cas d’espèce, pouvaient véhiculer une information. Admettons que le président Paul Biya eut disposé d’un Iphone doté d’une application mobile, il aurait suffi d’un twitt (comme c’est le cas à présent) ou d’une vidéo pour alerter les populations. Ces deux illustrations montrent l’impact que de la digitalisation peut avoir dans des situations particulières.
La dynamique YouTube Live, Statuts/Stories a permis à ce qu’il y ait une justice sociale peux présente avant, chacun peut enregistrer des vidéogrammes et les poster sans protocole, en cas de remise en question il est toujours possible, dans une certaine mesure, de revenir au pas, de supprimer la vidéo postée. Le marketing d’antan prend des coups et se voit dans l’obligation de devoir se réorganiser. Plus de chantages, plus de visibilité sexuellement transmissible (VSTs) observées dans nos différents médias; plus besoin de citer “Président Tchop Tchop, Cyril Bogico” pour voir l’un de ses titres promus, la visibilité et l’audience peuvent d’ailleurs s’acheter sur les plateformes digitales lorsque le degré d’attractivité n’est pas convainquant. Il suffit de booster les publications, d’y appliquer des méthodes marketing d’optimisation telles que le SEO (Search Engine Optimization), de nouveaux métiers et emplois se forment d’ailleurs par l’occasion, la CRTV Web en a créé plus de 3.
Le grand Barack peut aller des rues d’Elig Mfomo et se retrouver à Dubaï, “le plus beau pays d’Afrique”, l’artiste Nyangono du Sud communique sur sa page officielle; aussi bien que le sémiologue pédant, le Prof Jacques FAME NDONGO. N’est-ce pas là une manifestation de la justice sociale? Pour faire le buzz ou en être victime, il suffit de posséder un smartphone/Device doté d’une caméra, une vidéo amatrice: une publication en story sur Dikalo, Facebook, Instagram, WhatsApp et c’est parti pour la conquête de l’audience. Une audience qui en veut encore et toujours, comme un moyen de se détendre dans un contexte économique, historique et très récemment, sanitaire, assez lourd à supporter. Même si le Dr Claudel Noubissie estime que l’art ne devrait pas servir à se distraire mais à instruire, l’art que procure le Buzz n’avait jamais servi à rien d’autre jusqu’à l’apparition de certains génies sociaux, les buzz Managers.
“Buzz Management” de quoi s’agit-il concrètement? Puisque nous en sommes, essayons de procéder par analogie. La plupart des Organisations Non Gouvernementales (ONG) à but humanitaire se servent des sentiments d’empathie éprouvés à l’endroit de certains défavorisés pour accomplir leur mission. Elles promettent d’aider les personnes nécessiteuses, se font financer par des âmes de bonne volonté et procèdent généralement avec des motivations différentes. Nous avons choisi de les regrouper en trois catégories: les motivations strictement humanitaires, des motivations humanitaires lucratives, des motivations “humanitaires” ultra-lucratives. Dans le premier cas elles viennent en aide sans rien attendre en retour. Dans le second cas, elles s’auto rémunèrent en apportant de l’aide. Dans le dernier cas elles font semblant d’apporter de l’aide et se font suffisamment d’argent sous le dos des nécessiteux.
Ce néologisme, le Buzz management, réponds à deux des motivations citées précédemment : les motivations humanitaires lucratives et les motivations “humanitaires” ultra lucratives. Le Buzz Manager opère en exploitant un buzz sur les réseaux sociaux. Il propose une visibilité à la personne à l’origine du Buzz, se charge d’investir sur l’image de celle-ci pour se servir d’elle à des fins de marketing rémunératif. Avant la naissance du Buzz management de plus en plus en vogue avec la transition digitale, le Buzz était un feu de pailles. Aujourd’hui il aide à faire démarrer des carrières et à changer des vies. De nombreuses personnalités publiques sur les réseaux sociaux ont bénéficié de l’implication d’un Buzz manager pour certaines. D’autres ont simplement choisi d’auto manager leur Buzz: Le Grand P en guinée, le Petit Mayombo au Gabon, Le grand Barack, Nyangono du Sud, Natalie Koah et le ministre Jean de Dieu Momo sont des exemples parmi tant d’autres.
Où Situer le Buzz manager? Impossible d’être Buzz manager sans avoir une audience significative. Les Buzz managers sont généralement des community managers ou social média managers, des stars, pseudo stars, des acteurs de la société civile et du politique. Ils éduquent, instruisent, captivent, maintiennent l’audience, les abonnés d’une plateforme digitale dont ils ont la charge, ou encore ceux de leur propre plateforme. À chacun d’eux, on peut attribuer une expression typique: “Partagez quand c’est bien, ne faites pas dans la sorcellerie”, “ Boss la pub”, “ les filles soumises … les longues bouches wuit wuit wuit”, “Radio trottoir, jeudi business”, “les généraux, les colonos” etc… Le Buzz qu’ils managent provient souvent d’eux-mêmes, des rumeurs, de l’audience qu’ils influencent ou de l’attitude d’une personnalité publique (voir le profil parodique du ministre camerounais Paul Atanga Nji).
Dans un contexte où le chômage entraine une oisiveté manifestée par une forte présence peu rentable sur les réseaux sociaux. Le Buzz management s’inscrit comme une opportunité d’auto-emploi. Comment devrait-on la saisir? L’influence Web Steve FAH peut bien répondre à cette question.
Kevin TCHOKODEU