Un peu moins de dix millions d’Afghans sont appelés aux urnes ce samedi 28 septembre pour se choisir un président. Mais l’élection se déroule une nouvelle fois dans un climat de violence extrême : les talibans ont multiplié les attentats depuis l’échec au début du mois des négociations qu’ils menaient avec les Américains.
Les Afghans craignent une élection sanglante. « Indépendamment des forces de sécurité afghanes qui assurent être prêtes, on sait que les talibans sont présents dans quasiment la moitié du territoire afghan », rappelle Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS, qui souligne que sur les 5 400 centres de vote, 400 ont été fermés pour des raisons de sécurité.
Le spécialiste souligne que les talibans ont menacé particulièrement la communauté des enseignants, car certains bureaux de vote sont dans des écoles. Objectifs des talibans : « Si le taux de participation est beaucoup plus bas que celui des inscrits, ils en profiteront pour contester la légitimité du futur vainqueur de l’élection ».
16 candidats en lice
Sur les 16 candidats, comme lors du dernier scrutin, ce sont le président sortant Ashraf Ghani et son Premier ministre Abdullah Abdullah qui partent favoris. Pour Ashraf Ghani, qui avait été maintenu en dehors des négociations entre les Américains et les talibans, cette élection est l’occasion de « repartir sur une page blanche » et s’affirmer comme la figure politique principale du pays.
D’autant que « la plupart des autres candidats n’ont pas vraiment pu faire campagne », explique Romain Malejacq, professeur de sciences politiques à l’Université de Radboud aux Pays-Bas. Du coup, « Ashraf Ghani n’a pas voulu participer aux débats électoraux, et il a fait en sorte que l’élection se tienne le plus vite possible. Puisqu’il est le candidat sortant, c’est à son avantage ».