Agé de 36 ans, Peter Tabichi, professeur de mathématiques et de physique, a remporté un prix d’un millions de dollars pour son action en faveur des élèves les plus défavorisés.
Originaire d’une région rurale du Kenya, Peter verse la majeure partie de son salaire pour aider les élèves les plus démunis. Il a été consacré meilleur enseignant du monde ce samedi 23 mars par la Fondation Varkey et s’est vu octroyer un prix d’un million de dollars lors d’une cérémonie à Dubaï organisée par l’acteur Hugh Jackman.
Engagé, l’enseignant était parmi 10 finalistes de diverses nationalités sélectionnés pour cette 5e édition annuelle du concours international avec pour objectif de valoriser le métier d’enseignant.
En effet, professeur en sciences à l’école secondaire de Kerikodans le village de Pwani, une zone reculée de la vallée du Rift au Kenya, Peter est membre de l’ordre religieux des franciscains, il verse 80 % de ses revenus pour aider les élèves les plus démunis de cette école surpeuplée et mal équipée qui ne pourrait autrement pas se payer des uniformes et des livres.
« Je suis ici uniquement grâce à ce qu’ont accompli mes élèves », a déclaré Peter Tabichi en recevant son prix. « Ce prix leur donne une chance. Il dit au monde qu’ils peuvent tout faire »
indique l’enseignant qui auparavant travaillait dans une institution mieux équipée et ultra-moderne. Un niveau de vie qu’il a quitté pour se rapprocher des plus démunis
La toxicomanie, les grossesses précoces, l’abandon scolaire précoce, les mariages forcés sont courants dans cette région où plus de 90% de ses élèves viennent de familles pauvres et près du tiers sont orphelins ou ont un seul parent. Les élèves sont obligés de parcourir 7 km sur des routes qui peuvent devenir impraticables pendant la saison des pluies pour se rendre à l’école et la région peut être touchée par la sécheresse et la famine.
Malgré les ressources limitées dont le faible taux déquipement : un seul ordinateur, et un ratio de 58 élèves par enseignant, Peter Tabichi a mis en place un « club de développement des talents » ainsi qu’un club des sciences. Son objectif est d’amener les élèves à concevoir des projets de recherche. Plusieurs de ses étudiants ont même participé à des compétitions scientifiques internationales et l’un d’eux a remporté un prix de la Royal Society of Chemistry suite à la conception d’un projet autour des plantes locales pour produire de l’électricité.
Le résultat n’est pas des moindres : le nombre d’inscriptions à l’école a doublé, passant ainsi à 400 en trois ans, et les résultats des filles en particulier ont améliorés.
« L’Afrique produira des scientifiques, des ingénieurs, des entrepreneurs dont les noms seront un jour célèbres dans le monde entier. Et les filles joueront un rôle important dans cette histoire »,
indique le professeur kenyan en recevant son Prix.
« Je pense que la science et la technologie peuvent jouer un rôle de premier plan pour libérer le potentiel de l’Afrique. C’est le matin en Afrique. Les cieux sont clairs. C’est l’heure de l’Afrique »
ajoute-t-il.
Il a également reçu les félicitations du président du Kenya Uhuru Kenyatta dans une vidéo diffusée lors de la cérémoniede remise. « Votre histoire est celle de l’Afrique, un jeune continent plein de talent », a dit le chef de l’État kényan.
Le Global Teacher Prize est un concours initié par la fondation Varkey, du nom de la famille indienne installée depuis les années 1950, basée à Dubaï. Ils y ont fait fortune en créant des réseaux d’écoles privées, d’abord destinées aux enfants des expatriés occidentaux ou du sous-continent indien, venus dans le Golfe après le boom pétrolier.
« Peter Tabichi est cet enseignant de choix qui est désintéressé et qui consacre presque tout à l’avenir de l’école. Nous ressentons déjà les effets de ce changement. Être le seul africain à avoir atteint ce stade est une histoire qui mérite d’être reconnue