La course aux étoiles qui a marqué la Guerre froide dans les années 1970 laisse place à un affrontement technologique entre Washington et Pékin.
Connaissez-vous Transsion, Boomplay ou Zhaoxin ? Ces trois entreprises, actrices respectivement de la construction de mobiles, de microprocesseurs ou encore de la diffusion de musique en streaming, sont nées en chine ces quinze dernières années. Mais ce n’est pas tout : après avoir réussi à domicile et en Afrique , elles sont bien décidées à partir à l’assaut du monde entier. Pour cela, elles vont devoir prendre leur essor dans un contexte qui s’apparente de plus en plus à celui d’une Guerre froide numérique entre la Chine et lesEtats-unis, comme l’expliquent très bien l’ancien président de la Banque mondiale Robert Zoellick ou encore l’analyste installé à Pékin .Kai-fu lee
Début décembre, une vingtaine de journalistes européens basés aussi bien à Istanbul qu’à Rome ou Berlin ont été conviés à une conférence téléphonique un rien surprenante. Au bout du fil, Roslyn Layton et Robert Strayer, spécialistes de la cybersécurité auprès de la Maison-Blanche, ont mis en avant les risques sécuritaires qu’encouraient les opérateurs européens s’ils choisissaient de recourir aux services de l’équipementier de Shenzhen. Or, sur ce point, l’Europe apparaît bien divisée. Si l’espagnol Telefonica a décidé de recourir à Huazei pour son cœur de réseau en Espagne et en Allemagne, le norvégien Telenor a décidé de l’abandonner au profit du suédois Ericsson. La position de la France, elle, tarde à se faire connaître. « L’Europe, quel numéro de téléphone ? » aurait déclaré Henry Kissinger en 1970. Cinquante ans plus tard, le Vieux Continent gagnerait à parler d’une seule voix dans le combiné.
L’Europe, nouvel atelier du monde ?
Certes, les États-Unis et la Chine arriveront sans doute à mettre fin à la guerre commerciale qui les oppose. « Plus que la guerre commerciale, c’est en fait l’interdiction (par Washington) aux entreprises américaines de nous vendre des puces et logiciels qui nous concernent. C’est pourquoi nous nous attachons à assurer la survie de notre entreprise dans un tel contexte, au-delà du marché américain », a ainsi expliqué à l’AFP Liang Hua. Le président de Huawei était en effet à Paris cette semaine et en a profité pour expliquer : « Après l’interdiction américaine, nous avons repensé notre chaîne pour assurer la continuité des approvisionnements et continuer à satisfaire les besoins de nos clients. D’ores et déjà, dans le domaine des technologies 5G, nous ne sommes plus dépendants de l’approvisionnement venant des fabricants américains de puces et autres composants […]. Depuis, nous avons renforcé nos relations de partenariats avec des fournisseurs européens, japonais et sud-coréens », poursuit Liang Hua, qui n’exclut pas de construire une usine en Europe.