Le parti des islamistes modérés d’Ennahda a obtenu dimanche une faible avance aux élections législatives tunisiennes, compliquant le processus de formation d’une coalition dans un contexte économique fortement dégradé.
La formation politique qui se présente comme un parti « musulman démocrate » a remporté 17,5% des voix, selon les premières estimations réalisées à l’issue des votes.
Son principal rival, le parti de l’homme d’affaires Nabil Karoui, Coeur de la Tunisie, a remporté 15,6% des voix. Ces résultats laissent la jeune démocratie avec un Parlement divisé dans lequel Ennahda devra fonder des alliances pour gouverner.
Or, les deux partis, qui avaient chacun annoncé avoir remporté le scrutin dimanche, ont exclu de travailler au sein d’une même coalition. Les Tunisiens votaient pour élire leurs députés pour la troisième fois de leur histoire depuis la « révolution du jasmin », qui a vu le renversement de l’autocrate Zine Ben Ali. Le taux de participation était de 41%, selon la commission électorale, un faible score qui témoigne d’un fort sentiment de frustration et de désillusion vis-à-vis de la politique.
« Je ne voterai pas parce que je suis convaincu que les nouveaux dirigeants seront pires que les précédents », a déclaré Karim Abidi, un coiffeur de 29 ans à Tunis en amont des élections.
Les deux partis ont fait de la lutte contre la pauvreté le thème phare de leur campagne. Interdit sous la présidence de Ben Ali, Ennahda a fortement lissé son image depuis la Révolution en prenant part aux coalitions de divers gouvernements.