Des milliers de Guinéens ont commencé à manifester jeudi à Conakry contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, confronté depuis deux semaines à une contestation qui a fait une dizaine de morts, a constaté un correspondant de l’AFP.
Une foule considérable – un million selon les organisateurs, chiffre invérifiable de source indépendante – a entamé une marche de plusieurs kilomètres aux cris de « Amoulanfe » (« ça ne passera pas » dans la langue locale) ou « A bas la dictature », sans heurts malgré une forte et discrète présence policière et le contexte de crise politique.
« Nous sommes fatigués des mensonges, des fausses promesses et surtout (du fait) qu’il (Alpha Condé) ne soit plus en mesure de répondre aux attentes de la population. Alors 10 ans, ça suffit », disait Souleymane Kamagathe, boulanger, au milieu de cette masse humaine bruyante progressant dans la chaleur vers le stade du 18-Septembre, destination de la marche.
La Guinée, petit pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré d’importantes ressources minières, est en proie depuis le 14 octobre à une intense contestation. Au moins huit manifestants (dix selon l’opposition) et un gendarme ont été tués, des dizaines d’autres blessés, des dizaines encore arrêtés et jugés.
Cinq dirigeants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui initie le mouvement, ont été condamnés mardi à des peines allant de six mois à un an de prison ferme.
Les défenseurs des droits humains dénoncent une répression visant à faire taire l’opposition. Après une évolution encourageante, ils rapportent une régression des droits ces derniers mois et une interdiction de fait de toute manifestation depuis juillet 2018.