le Black Friday est vu comme une occasion de consommer pour les foyers modestes.
La queue dès l’aube devant les vitrines, la cohue dans les rayons, les clients qui se ruent sur de l’électroménager, des jouets ou de la high-tech en promo : le Black Friday, le lendemain de Thanksgiving, donne traditionnellement le coup d’envoi des courses pour les fêtes de fin d’année aux Etats-Unis. Et c’est l’un des jours de l’année où les Américains dépensent le plus. L’expression remonte aux années 50 et aurait été inventée par les policiers de Philadelphie pour décrire le chaos occasionné dans la ville par l’arrivée des chalands. Les Américains sont nombreux à faire le pont après Thanksgiving, jour férié et quatrième jeudi de novembre. Pour toute la «holiday season», qui s’étale de novembre à fin décembre, ils devraient dépenser autour de 730 milliards de dollars (663 milliards d’euros), prédit la National Retail Federation (NRF), soit 4 % de plus que l’an dernier. Mais les scènes de bousculades – en 2008, un employé d’un Walmart de Long Island était mort, piétiné par la foule du Black Friday -, devraient se faire plus rares.
Minorités
A l’ère d’Amazon et du e-commerce, les achats dans les points de vente sont en perte de vitesse. Selon Retailnext, la fréquentation des magasins et le total des ventes physiques du Black Friday ont baissé respectivement de 9 % et 7 % entre 2017 et en 2018. La NRF attend ce vendredi 114,6 millions d’acheteurs potentiels dans les boutiques, contre 116,4 millions l’an dernier. Dans le même temps, en 2018, les ventes en ligne de la veille de Thanksgiving au Black Friday ont, elles, augmenté de 26,4 % par rapport à 2017, s’établissant à 12,3 milliards de dollars, selon Adobe Systems. Si une poignée de marques boycottent ce moment d’hypermercantilisme, le Black Friday n’est pas ostensiblement critiqué aux Etats-Unis. Notamment parce qu’il constitue une opportunité pour acheter à bas prix des biens de consommation courante pour les foyers les plus modestes, les minorités et les mères. Les opérations «Black Friday» commencent de plus en plus en amont sur Internet, avec possibilité de préréserver ses achats pour ne pas passer le week-end en famille entre la dinde et le smartphone. Et depuis le milieu des années 2000, le marketing américain a accouché d’une autre opération, le Cyber Monday (le lundi qui suit Thanksgiving), avec là encore des prix cassés. En 2018, en ligne ou en boutique, les Américains ont dépensé 6,2 milliards de dollars la journée du Black Friday (23,6 % d’augmentation par rapport à 2018). Et 7,9 milliards (+19,7 %) le jour du Cyber Monday, un record.
Faillite
Le marché de la vente en ligne est de plus en plus puissant, porté par Amazon, mais aussi la chaîne d’hypers Walmart, qui tente de rivaliser sur Internet. Les grands perdants sont les grands noms passés du commerce. Entre 2017 et 2018, le géant du jouet Toys’R’Us, les grands magasins Sears ou la chaîne de prêt-à-porter Forever 21 se sont déclarés en faillite. Et un rapport du Crédit suisse estime que 20 à 25 % des malls vont fermer d’ici 2022 aux Etats-Unis. Dans l’Ohio, le centre commercial Euclid Square, qui a mis la clé sous la porte, a été remplacé par un gigantesque centre de traitement d’Amazon.