Si la culture et la consommation des fleurs naturelles est peu ancrée dans les habitudes des Africains, le continent possède pourtant un climat favorable à cette filière. Depuis quelques années, la floriculture gagne du terrain dans les pays comme le Kenya, l’Ethiopie, le Rwanda qui sont les plus grands producteurs sur le continent. La forte demande des pays occidentaux pour les fleurs africaines constitue une opportunité d’entreprendre dans ce secteur en pleine croissance.
Les connaissances nécessaires
Un bon fleuriste doit connaître les différents types de fleurs, leur durée de vie et la manière de les entretenir correctement. Il est également compétent en matière de décoration et est capable de créer divers arrangements.
Les petits fleuristes se tournent généralement vers les fleurs d’été parce qu’elles sont résistantes aux parasites et aux maladies, et tolèrent diverses conditions de sol, contrairement aux roses, dont la plupart sont cultivées sous serre. L’arabicum, l’ammi, le mobydick, l’eryngium, le tuberosa, l’onis et le claspedia sont quelques-unes des fleurs d’été qui sont populaires auprès des petits exploitants. D’autres variétés comme les Hemerocallis, Agapanthus blue, Roystonea palm et Ixora red sont également convoitées.
Notons que les fortes pluies ou un arrosage excessif sont les pires ennemis des fleurs d’été. Il est donc conseillé de veiller à arroser les plantes avec parcimonie, surtout après leur croissance, afin d’obtenir des produits de qualité, et de faire coïncider leurs plantations avec les périodes où il ne pleut pas beaucoup.
Comment apprendre ?
On trouvera des tutoriels en ligne qui montrent comment cultiver des fleurs et affiner ses compétences. Une compréhension des marges standards du secteur et des frais liés à ce type d’activité, des compétences néessaires en conception florale, et enfin, des connaissances sur l’entretien des fleurs sont nécessaires. Si aucun diplôme n’est vraiment obligatoire, il est cependant recommandé de suivre une formation professionnalisante auprès d’un établissement agréé, ou de se former auprès de fleuristes qui comptent quelques années de pratique.
Quel budget pour se lancer ?
La création d’un commerce de fleurs coûte en moyenne 10 000 dollars, un montant qui peut varier en fonction de notre projet. La majeure partie de cette somme est consacrée à la location du terrain, l’achat de matériel de conservation des fleurs fraîches, à la location ou à l’achat d’outils pour l’arrangement floral (ruban adhésif, vases, mousse florale, fil de fer) et à la livraison. Pour ceux qui n’ont pas les moyens, les fleurs d’été sont une bonne option, car elles ne nécessitent pas beaucoup d’intrants.
Quel matériel ou équipement ?
On peut aménager son jardin si on n’a pas les moyens d’acquérir des terres pour la culture des fleurs. Le matériel de jardinage comprend une bêche, une griffe, un arrosoir et/ou un tuyau d’arrosage, un petit sécateur, des gants, un terreau et des engrais adaptés. Pour le jardinage sur terrasse et balcon, il faut ajouter des pots, des billes d’argile ou des gravillons (mis au fond du pot afin de filtrer les eaux en surplus), du feutre de drainage découpé à la dimension du contenant (pour éviter l’inondation sur la terrasse), du terreau adapté à la plantation, du paillage en surface du pot pour éviter l’évaporation et les mauvaises herbes.
Si on souhaite exporter ses fleurs en plus de les vendre localement, on aura besoin d’un certificat de constitution d’entreprise délivré par le registraire des entreprises, le numéro d’identification personnel auprès des autorités compétentes, le certificat de conformité fiscale, la licence d’exportation, le certificat phytosanitaire, une autorisation et un permis d’exploitation.
Où s’approvisionner ?
L’acquisition directe des semences est l’une des difficultés de cette activité. La plupart des semences sont importées de l’Occident, ce qui peut nécessiter de gros frais. Il est donc recommandé pour cela de se rapprocher des structures en charge de l’agriculture, ou des artisans fleuristes locaux.
Comment trouver des clients ?
La plupart des gens achètent des fleurs pour des occasions spéciales (Saint-Valentin, mariages, anniversaires et autres cérémonies). La majeure partie des fleurs cultivées en Afrique est vendue en Europe, mais les marchés émergents d’Asie, notamment le Japon et la Chine, présentent un grand potentiel. Le Kenya par exemple, exporte chaque année environ un milliard de tiges de roses vers l’Europe via les Pays-Bas, selon le Kenya Flower Council, ce qui rapporte au pays en moyenne 1 milliard de dollars chaque année.
Les fleuristes peuvent augmenter leurs commandes en restant en contact avec leur clientèle. Ils peuvent augmenter le prix de vente moyen des commandes en proposant des articles supplémentaires et des arrangements originaux. On peut également fournir un service client personnalisé en créant une base de données qui comprend les dates importantes des clients, et leur proposer des offres pour ces jours spéciaux.
A quel moment/niveau devient-on rentable ?
Le prix des fleurs varie d’environ 5 dollars ou moins pour certaines fleurs individuelles à 100 dollars ou plus pour d’autres. Les événements qui nécessitent des arrangements multiples, comme les mariages, peuvent facilement atteindre 1000 dollars, voire plus. Au Rwanda, les pépinières de l’entrepreneur Viateur Ndahayo rapportent en moyenne entre 1000 et 50 000 dollars par mois en fonction des marchés qu’il gagne. Un acre d’arabicum, par exemple, peut rapporter jusqu’à 8415 dollars, dont moins d’un quart est consacré à la production, selon certains producteurs.
Aïsha Moyouzame