Des dirigeants de l’opposition rwandaise en exil ont accusé mardi à Bruxelles le régime du président Paul Kagame d’avoir « torturé » le chef rebelle Callixte Nsabimana, qui a plaidé coupable de « terrorisme » le mois dernier après son arrestation.
Callixte Nsabimana, qui se fait appeler « Sankara », est accusé par le gouvernement rwandais de « formation d’un groupe armé irrégulier, complicité d’actes terroristes, (…), prise d’otages, meurtre et pillage ».
Il est le porte-parole du Front de libération nationale (FLN), un groupe armé qui a revendiqué la responsabilité de nombreuses attaques dans la région du parc national Nyungwe (sud-ouest), prisée des touristes.
Arrêté selon ses proches aux Comores, où il s’était réfugié, puis transféré à Kigali, « Sankara » a plaidé coupable, le 23 mai devant un tribunal, de toutes les accusations portées à son encontre.
Il a aussi admis avoir collaboré avec les services de renseignement du Burundi et l’armée ougandaise.
Mais pour les opposants Paul Rusesabagina et Faustin Twagiramungu, ces déclarations résultent des « tortures » subies.
« Si vous étiez à sa place, on vous torture pendant un mois et plus, qu’est ce que vous diriez ? (…) Tout ce qu’ils vous demandent! », a affirmé à Bruxelles M. Rusesabagina, président et fondateur du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont Callixte Nsabimana est un vice-président.
« Si M. Sankara est en prison aujourd’hui c’est que tous les opposants, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur, sont malmenés, torturés et une bonne partie d’entre eux ont été assassinés », a-t-il accusé, qualifiant le chef rebelle de « martyr ».
M. Rusesabagina, qui fut lors du génocide de 1994 le directeur de l’hôtel des Milles collines (dépeint dans le film Hôtel Rwanda), s’exprimait lors d’une conférence de presse aux côtés de Faustin Twagiramungu, ex-Premier ministre, actuel président du parti RDI (Rwandan Dream Initiative).
Les deux hommes ont officialisé l’union de leurs formations, le RDI devenant le 4e parti de la plateforme MRCD fondée en 2018, une des composantes d’une opposition morcelée.