Au Nigeria, Temie Giwa-Tubosun a fondé LifeBank, une start-up qui met en contact des donneurs de sang et les patients ou hôpitaux qui en ont besoin. Son projet parti d’une expérience personnelle s’étend aujourd’hui à d’autres pays d’Afrique.
Temie Giwa-Tubosun est la promotrice de la start-up LifeBank au Nigéria. Fondée en 2016 l’entreprise se charge de collecter le sang déjà testé, et de les livrer aux hôpitaux ou patients, selon la demande. L’entreprise a mis en place une logistique complexe qui s’appuie sur un réseau de transport via des drones, des bateaux, des vélos ou des tricycles. Elle garantit aussi d’assurer la livraison sur une période ne dépassant pas l’heure.
Temie Giwa-Tubosun a étudié à l’Institut d’études internationales de Middlebury à Monterey aux États-Unis, où elle a obtenu un master en administration publique, Gestion des systèmes de santé et Financement de la santé. Elle a par la suite travaillé pendant 5 ans, dans plusieurs secteurs avant de se lancer dans l’entrepreneuriat en 2015. Elle explique qu’une situation choquante l’a emmenée à lancer son entreprise.
Elle aurait vu une femme perdre la vie en raison d’une hémorragie survenue après l’accouchement de son enfant, parce que l’hôpital ne possédait pas assez de sang. « J’ai réalisé que la chose la plus importante que vous puissiez faire quand une mère à une hémorragie est de remplacer le sang qu’elle a perdu, même si vous ne pouvez pas arrêter le saignement », explique Giwa-Tubuson dans un reportage de CNN.
LifeBank facilite l’accès aux donneurs, en les mettant en contact avec les hôpitaux ou les patients dans le besoin. Un aspect important du service rendu par l’entreprise, c’est que si une personne est dans le besoin dans l’urgence, elle peut se rendre sur la plateforme et trouver des personnes disponibles, et qui sont déjà sensibilisées au principe du don de sang. En plus de cela, LifeBank compte aujourd’hui 5 000 donneurs volontaires sur sa plateforme. Enfin, elle organise des campagnes de dons de sang dans l’année avec ses participants volontaires et des personnes recrutées dans de nouvelles campagnes.
L’initiative de Temie Giwa-Tubosun, à sembler être utile pour le Nigeria, car cette logistique mise en place a contribué à son niveau, à diminuer le taux de mortalité due aux manques de sang dans les hôpitaux. La chef d’entreprise explique que plus de 1200 hôpitaux ont été desservis, et plus de 40 000 vies sauvées depuis la création de la start-up. En six ans d’existence, l’entreprise a transporté plus de 155 569 dons de sang. Progressivement elle a introduit à son activité classique, celle de la livraison de produits médicaux.
Même si Temie Giwa-Tubosun a reçu des félicitations et plusieurs encouragements de la part de l’OMS et des autorités nigérianes, le projet a tout de même eu des défis. L’entrepreneure explique que depuis la création de LifeBank, elle peine à accéder à des solutions de financement, pour étendre son activité. Un autre problème est celui de l’insécurité au Nigeria. Ses livreurs sont exposés à des risques d’attaques dans un pays où l’actualité rapporte assez fréquemment des situations de kidnapping. Enfin, la faible qualité du réseau routier ne permet pas toujours de tenir la promesse de livraison dans l’heure, surtout pour les hôpitaux situés en zone rurale.
Le modèle économique pour le marché du sang à usage médical n’est pas encore compris en Afrique, comme c’est le cas dans plusieurs pays développés. En Afrique, ce sont parfois des personnes dans le besoin, qui sont réticentes à recevoir le sang d’une autre personne. Ainsi même s’il y a un besoin évident, les activités n’évoluent pas aussi vite que celles du secteur du transport ou de l’alimentation par exemple.
LifeBank demeure toutefois très ambitieuse. Elle revendique déjà une présence sur 13 villes africaines, mais avec une plus grande présence au Nigeria. Elle se développe aussi au Kenya, et s’est récemment implantée en Éthiopie.