Après l’augmentation des frais d’inscription de 2018, les étudiants étrangers devront débourser encore plus pour suivre une formation en France. La mesure qui a fédéré contre elle des responsables d’universités pourrait être le plus préjudiciable pour les ressortissants africains.
Le Parlement français a adopté le mardi 19 décembre un projet de loi sur l’immigration et l’intégration. Le texte qui attend d’être promulgué va apporter des modifications à la politique d’immigration française, notamment en ce qui concerne la mobilité estudiantine.
Selon le texte, les étudiants internationaux en France seront soumis à un système de « caution ». La loi subordonne la délivrance d’un titre de séjour étudiant au versement de cette caution, qui ne sera rendue à l’étudiant que lorsqu’il quittera le pays. Cependant, il est possible que le ministre de l’Enseignement supérieur puisse, « à titre exceptionnel », exonérer un étudiant du paiement de cette caution en raison de la « modicité de ses revenus » ou de « l’excellence de son parcours ».
Selon des avis, la mesure sera le plus préjudiciable pour les étudiants africains qui représentent plus du quart des étudiants internationaux en France. Selon les données de Campus France pour l’année scolaire 2021-2022, sur les 400 000 étudiants étrangers dans l’hexagone, plus de 100 000 viennent du continent africain. Pour ces étudiants, cette loi est un deuxième choc après la hausse des frais d’inscription instituée en 2018.
Alors que le montant exact de la caution devrait être fixé par décret, les universitaires espèrent qu’elle ne soit que symbolique. Il faut préciser que le texte a reçu de vives critiques la jugeant discriminatoire.
« Ces mesures, tout comme les autres mesures, les droits d’inscription différenciés qui sont appliqués de manière systématique, sont des mesures qui sont discriminatoires en fonction des revenus des étudiants. On est dans une marchandisation de l’enseignement supérieur et de la recherche, où on va aller uniquement chercher les étudiants qui ont les moyens de venir en France pour faire leurs études », s’est insurgé le président de l’université de Bordeaux et vice-président de France Universités, Dean Lewis.
Plus ferme, l’association France universités qui regroupe les présidents des principales universités du pays a, dans un communiqué publié le 19 décembre, indiqué que la loi pourrait mettre « gravement en danger la stratégie d’attractivité de l’enseignement supérieur et de la recherche française, et nuire à l’ambition de faire de notre pays un acteur majeur de la diplomatie scientifique et culturelle internationale ».
Pour les universitaires, la loi pourrait faire chuter le nombre d’étudiants internationaux dans l’hexagone. Cela alors que le pays a adopté en 2018 le plan « Bienvenue en France » avec un objectif affiché d’attirer 500 000 étudiants internationaux jusqu’en 2027.
Vanessa Ngono Atangana