Après la Chine et l’Inde, la France se met à la reconnaissance faciale. Elle va devenir le premier pays européen à l’utiliser. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a jugé illégale l’utilisation de la reconnaissance faciale dans les lycées. Mais le contexte semble en faveur du développement de ces technologies dans l’hexagone.
« Expérimenter la reconnaissance faciale est nécessaire pour que nos industriels progressent. » Cette affirmation de Cédric O, secrétaire d’État au numérique au journal Le Monde, interpelle. La reconnaissance faciale effraie de nombreux citoyens, mais les autorités françaises semblent y être de plus en plus favorables. Le premier exemple est Alicem, pour Authentification en ligne certifiée sur mobile. Cette application qui suppose de faire des vidéos de son visage pour s’y connecter. Celles-ci seront reliées aux données biométriques du passeport de l’utilisateur. La CNIL a affirmé que cette technologie devait être optionnelle. Une requête que le ministère de l’Intérieur n’a pas prise en compte qui l’expérimente. Alicem devrait voir le jour prochainement.
Business, sécurité, caméra de surveillance
Cette application n’est qu’une des utilisations possibles de la reconnaissance faciale. Didier Baichère, député de La République en marche (LaREM) appelle à un débat sur l’utilisation de ces technologies. « Il n’y a pas que des éléments négatifs à l’utilisation de ces technologies, mais les citoyens n’ont pas été consultés. Il faut que l’on connaisse l’acceptabilité sociale sur le sujet. »
L’élu de la majorité, auteur d’une note sur ce sujet détaille l’éventail des possibles : « Rapidement, il y a trois cas d’usages. Les applications de gestion de flux, au sens aéroport, trains, pour accéder à son moyen de transport plus rapidement. Les applications de sécurité : lors d’une enquête de police un juge peut demander l’accès aux vidéos. Et enfin les applications business : payer avec son visage, etc. »
Les défenseurs des libertés informatiques craignent la généralisation de ces technologies. « C’est un pas vers une société de surveillance dans lequel on ne veut pas aller », explique Baptiste Robert, spécialiste de la cybersécurité. Celui qui se nomme Elliot Alderson sur Twitter en référence à la série Mr. Robot, juge que franchir le premier pas en termes de reconnaissance faciale peut-être extrêmement dangereux. « Cela reste extrêmement hypothétique, mais techniquement si vous demandez à toute la population française de prendre une vidéo de son visage, vous avez un jeu de données qui est énorme et qui permet de créer un algorithme de reconnaissance faciale parfait. »
À l’heure actuelle, ces technologies restent largement perfectibles. Début juillet une étude du National Institute of Standards and Technology (NIST) démontre que la probabilité de reconnaissance diffère selon les couleurs de peaux.
RFI