A la suite du discours du chef de l’état camerounais Paul Biya annonçant un dialogue national hier sur la chaine national , le journaliste Romaric Tenda explique pourquoi il n’y pense pas que cela puisse être faisable à la fin de ce mois de septembre .
» Voici pourquoi selon moi, le dialogue ne peut pas se tenir à la fin de ce mois de septembre :
Hier j’ai vu un président solide, émettant un discours visiblement bien préparé. Par moment, il s’exprimait avec orgueil et assurance.
Donc de grâce, que ceux qui disent du chef de l’État que c’est son entourage qui le trompe là, vraiment épargnez nous de vos idées à deux balles. Le président que j’ai vu hier, démontre bien qu’il est le maître du jeu. Il peut faire ce qu’il veut sans être contraint par qui que se soit.
Par contre, de nombreuses interrogations me poussent à affirmer que d’ici le 1er octobre, il n’y aura pas dialogue au Cameroun. L’une des conditions sinequanone pour que celui-ci se tienne, c’est bien qu’il y ait une rencontre avec les parties au conflit. Donc les tiers. Il faut également qu’on sache le lieu, le cadre, les thèmes, et les noms des acteurs de différentes classes qui y participeront. Avec qui l’État dialoguera comme représentants de la diaspora ? Le clergé sera-t-il de la partie, si oui, qui sont-ils ? Je n’ai pas entendu le président dire qu’à la table de ce débat, il y aura les représentants de la société civile, les chefs traditionnels. Il a certes précisé que tout le monde ne prendra pas part à ce dialogue, mais la question est : pourquoi d’aucuns devraient être exclus de ce dialogue ? Si on veut une reconstruction profonde et sincère, il faut tout le monde à la table des débats. Ce n’est qu’ainsi, qu’on parviendra à désamorcer cette bombe. Ces éléments peuvent également être un frein à la tenue en fin septembre, du dialogue annoncé hier par le président camerounais.
Et j’ai entendu le même président dire qu’avant la tenue de ce dialogue à la fin de ce mois, le premier ministre fera un travail de consultation et de fond pour le coordonner. Le temps pour tout ce travail est peu, très insuffisant même pour que ce dialogue ait lieu à la fin de ce mois.
Il faut dialoguer, oui ! Mais pas à la fin de ce mois. Le temps est court. Peut-être le mois prochain. Mais impossible de ce soit à la fin de ce mois. »
Romaric TENDA