L’élection présidentielle du 12 décembre aura bien lieu. Un scrutin voulu et imposé par l’armée qui dirige le pays de facto, mais boycotté par la quasi-totalité de l’opposition, et surtout rejeté par le hirak (mouvement populaire). À l’issue de l’expiration du délai de dépôt samedi à minuit, l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a annoncé avoir enregistré 22 candidatures au total, dont celles de deux ex-Premiers ministres du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Un processus électoral imposé par le pouvoir
Parmi les figures qui se détachent du lot de candidats, on note la présence d’Ali Benflis, 75 ans. Ce dernier se présente depuis 15 ans comme le principal opposant d’Abdelaziz Bouteflika, dont il fut chef du gouvernement en 2000. Limogé en 2003, Benflis s’est présenté en 2004, puis en 2014. Il est arrivé à chaque fois deuxième, très loin derrière le président réélu avec plus de 80 % des voix.
De son côté, Abdelmadjid Tebboune, 73 ans, a été haut fonctionnaire, puis plusieurs fois wali (préfet), avant d’être nommé ministre de la Communication sous Bouteflika à son arrivée au pouvoir en 1999. Ce dernier le rappelle au gouvernement en 2012 et lui en confie la tête en mai 2017, avant de le limoger trois mois plus tard sur fond de lutte de clans dans son entourage. Sont également candidats Azzedine Mihoubi du Rassemblement national démocratique (RND), pilier de la coalition ayant soutenu Abdelaziz Bouteflika durant sa présidence, et Abdelkader Bengrina, représentant d’El-Bina, petit parti membre d’une coalition islamiste, dont l’un des députés a été élu en septembre à la présidence de l’Assemblée nationale. Abdelaziz Belaïd, ancien cadre du Front de libération nationale (FLN) qui a fondé le Front El-Moustakbel, microparti proche du pouvoir, a aussi déposé son dossier précise l’Agence de presse algérienne, APZ. Fait majeur à noter dans cette annonce, le FLN, le parti historique du pays dont Abdelaziz Bouteflika était le président d’honneur ne présentera pas de candidat. Il faut préciser que le pouvoir a dû annuler, faute de candidats, un premier scrutin prévu le 4 juillet. L’Anie a désormais sept jours pour statuer sur la validité de ces candidatures et publier la liste des candidats retenus, qu’elle doit ensuite transmettre au Conseil constitutionnel. Ce dernier doit valider la liste définitive des candidats dans un climat de tensions extrême.