Mais pourquoi certaines personnes se lancent dans cette aventure dès leur plus jeune âge ?
Aujourd’hui, un jeune entrepreneur partage avec nous son expérience d’entrepreneuriat. , Donald Njoya , jeune camerounais fondateur de la boite artistique Human records , répond aux questions d’Afrik-Jeunes :
- Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre « entreprise » (structure, label) ?
Je me nomme Donald Njoya , de nationalité Camerounaise. Après l’obtention de mon baccalauréat au Cameroun, j’ai intégré une école d’ingénierie pétrolière, parce que j’ai toujours voulu être comme mon modèle : mon Papa, cet Homme Fort qui s’est toujours battu, afin que nous puissions avoir le meilleur. Ma vision à cet âge, était : avoir de bonnes notes, avoir son diplôme, et décrocher un meilleur travail. Après avoir passé 03 ans dans cette école, j’ai décidé de compléter ma formation dans une autre école, plus performante, je me suis rendu en Tunisie, j’ai intégré, l’Institut Internationale de Technologie (IIT) de Sfax. Aujourd’hui, je suis Ingénieur diplômé en génie des procédés, et faisant partie de cette génération d’immigrés qui pense que pour réussir, il faut bien plus qu’une envie. En parallèle j’ai rejoint le mouvement associatif, au début juste pour sortir de ma routine estudiantine, mais très vite j’ai trouvé mes marques, j’ai pris la direction de la communication de l’association AFRIQUE INTELLIGENCE, une association à but non lucratif qui prône l’intégrité humaine et fait la promotion de la diversité culturelle, puis avec un collectif de jeunes, nous avons co-fondé AFRICAN BUSINESS LEADERS, une ONG, avec pour objectif la promotion de l’esprit entrepreneuriale et le développement des jeunes étudiants.
En 2020, mon équipe et moi, nous avons réalisé et produit le Film MALA, avec le soutien de FRANCE TERRE D’ASILE. Un film qui dénonce les violences faites aux femmes, et lève le voile sur les réalités des conditions de vie des travailleuses migrantes en Tunisie.
Human Records est une boite de production artistique ayant pour but de mettre en avant des talents artistiques, de produire du contenu audiovisuel et de promouvoir la cohésion et l’intégration culturelle.
- Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre aussi tôt ?
Ma plus grande frustration en Tunisie, fut la barrière de langue, je viens d’un pays où on parle généralement, français et anglais, en Tunisie, pour pouvoir s’adapter, il faut t’exprimer en dialecte Tunisien, chose qui n’est pas très facile, ce qui ralenti énormément le facteur d’intégration, de ce fait, la communauté migrante, se trouve d’un côté et la communauté tunisienne de l’autre à cause de cette barrière de langue. Un jour, je me promenais dans un parc de la ville, j’ai rencontré un groupe de jeune, des allemands et des français , certains parlaient français et d’autres allemand, mais ils étaient ensemble juste parce qu’ils faisaient de la danse hip hop ensemble, ils avaient pu surpasser, la barrière de la langue et à travers le hip hop , l’un apprenait plus facilement la langue de l’autre, et alors je me suis dit , voilà une bonne idée, utiliser la culture et l’art , comme un moyen principal d’intégration, ma mère disait souvent : Le changement est le passage d’un état à un autre, alors là je venais de trouver le moyen de redonner un nouveau souffle à l’intégration, en effet j’ai pu constater avec énormément de regrets, qu’il y’avait, beaucoup de jeunes (étudiants ou non) qui possédaient énormément de talent, mais hélas ne possédaient pas d’espace, ni de lieux afin de pouvoir s’exprimer, alors je me suis dit, pourquoi ne pas leur donner, un podium et une plateforme, afin qu’ils puissent s’exprimer, et bien plus encore, pourquoi ne pas les regrouper par catégorie, afin qu’ils puissent partager leurs talents et en faisant une pierre deux coups, partager leurs cultures en même temps, alors j’ai fondé Human Records, après avoir consulté trois amis.
- Quelles était votre vision, que visiez-vous, quel était votre but ?
Mon but principal, était de créer le premier espace de partage et d’intégration mixte avec pour point focal, culture et art. Ma vision était de fonder le premier label artistique en Tunisie, avec pour but, de fournir une scène et un public à tout artiste qui aimerait exprimer son talent. Au cours de l’évolution du projet, de nouveaux objectifs furent fixés, dans le souci de développer le label.
- Avez-vous réussi à continuer vos études malgré ce challenge très prenant ?
Au début c’était pas facile, vu que j’étais en dernière année ingénierie, beaucoup de personnes dans mon entourage, m’ont demandé de laisser tomber , afin de me concentrer sur ce que j’étais venu faire pour de vrai en Tunisie, à un moment, donné j’ai voulu tout abandonné, mais j’ai pensé à tous ses jeunes, qui avaient besoin de ce projet , afin de changer leur quotidien, et d’apporter un impact positif à leur vie, et je me suis dit: si je ne fais rien, ça sera surement pareil dans 10 ou 20 ans , autant mieux essayer, si j’échoue, au moins j’aurais essayé. Alors j’ai mis les bouchées doubles, gestion de temps, diminuer mes horaires de sommeil, afin d’augmenter ma productivité autant à l’école qu’avec le projet.
- Quels ont été les plus grands obstacles que vous avez rencontrés lors de la création de votre entreprise ?
Les plus grands obstacles ont été la résistance aux changements, mon entourage élargi, le manque de capitaux nécessaires, de ressources humaines, pour effectuer des tâches bien précises, et surtout l’ignorance dans ce domaine.
- Comment voyez-vous l’avenir ?
L’avenir est très prometteur, et je pense avoir réussi mon challenge, nous avons réussi à créer un impact dans la société, donner un nouveau souffle à l’intégration sociale et à la diversité culturelle. En deux mots pour décrire l’avenir je dirai : grandiose et changeant. Grandiose parce qu’à travers le développement de Human Records, beaucoup de jeunes pourront monter sur la scène internationale, nous pourrons aborder plusieurs problématiques et transformer cela en court, moyen ou long métrage comme le film MALA, pour optimiser la sensibilisation sur des problématiques, tabou et personne ne veut parler. Changeant parce qu’on ne dira plus : j’ai réussi à m’intégrer grâce à la langue, mais on dira, je partage la culture de x ou y, et à travers sa culture, j’ai pu m’intégrer dans son monde et réciproquement.
- Comment arrivez-vous à manager votre équipe malgré votre jeune âge ?
Depuis tout petit j’ai toujours été fan des labels de musique, tel que Banlieue Sale Music, Bomaye Music et beaucoup d’autres, et je suivais, à travers les réseaux sociaux, l’évolution de ces grands labels, à mon arrivée en Tunisie, en parallèle de mes études, j’ai intégré l’univers du monde associatif, et dans ce milieu, j’ai reçu, beaucoup de formations, des soft skills et des hard skills, et je dirai que toutes ces formations reçues m’ont servies à bien m’intégrer dans la peau de manager, j’ai utilisé tous ces enseignements pour mieux gérer mon équipe, et à travers des brainstorming, la résolution des problèmes, la gestion de l’équipe et le partage de tâches sont plus faciles, selon moi, c’est une simple règle d’entreprise, si vous faites les choses qui vous sont faciles d’abord, vous pourrez faire beaucoup de progrès.
- Quels conseils pourriez-vous donner aux lecteurs pour la création d’une entreprise en tant que jeune entrepreneur ?
Cher(e) lect(rices)eurs , il faudrait mieux, essayer quelque chose de nouveau, d’échouer et d’en tirer les leçons, que de ne rien faire. Soignez votre entourage, vu que vous êtes la résultante des 05 personnes qui partagent votre quotidien, et surtout croyez en vous, car si vous ne croyez pas en vous, personne ne croira en vous. Think smart.
- Si vous deviez revenir quelques années en arrière, choisiriez-vous la même orientation ?
C’est vrai, dans mon beaucoup, j’ai commis beaucoup de fautes et d’erreurs, mais si je devais revenir en arrière, ces fautes je les referrai, car John Powell disait : La seule véritable erreur est celle dont on ne tire aucun enseignement ; et de mes erreurs j’ai appris tous ce que je sais aujourd’hui.
Merci d’avoir répondu a nos questions et bon vent pour la suite .