Aux Émirats arabes unis, plus de 340 cas positifs au Covid-19 ont été détectés par les autorités. Deux décès liés au virus sont par ailleurs à signaler. Dans un pays où plus de 80% de la population est expatriée, tous les résidents sont appelés à rester chez eux. Nous nous sommes entretenus avec ces expatriés confinés. Mais aussi avec ceux qui n’ont pas d‘autres choix que de travailler.
Depuis lundi, l‘émirat de Dubaï tourne au ralenti. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les autorités des Émirats arabes unis ont en effet annoncé de nouvelles mesures visant à limiter les déplacements de la population. Tous les vols de passagers entrants et sortants ainsi que les transits sont par exemple suspendus. Par ailleurs, la fermeture des centres commerciaux a été décidée par les autorités. Une mesure qui s‘applique aussi aux restaurants et cafés qui ne sont plus autorisés à recevoir les clients.
Dans la foulée de ces annonces, de nombreux établissements ont donc fermé boutique. Pour supporter les entreprises présentes dans la monarchie, les autorités ont d‘ores et déjà annoncé un plan de relance de l‘économie. Celui-ci s‘élève au total à 126,5 milliards de dirhams, soit un peu plus de 30 milliards d‘euros.
Certains expatriés toujours sur le pont
Dans les restaurants et cafés, les services de livraison et de vente à emporter sont toutefois maintenus conformément aux directives des autorités. Rheuvin, un restaurateur philippin d‘une trentaine d‘année, travaille toujours : « J’ai peur pour ma santé et pour celle de mon personnel. (…) Même si la distanciation sociale est respectée, il y a toujours un grand risque pour nous d‘être en contact direct avec d‘autres individus lorsque nous nous rendons au travail par exemple ».
En somme, pas de confinement strict prévu pour l‘instant aux Émirats. Les secteurs pour lesquels le travail à distance n’est pas envisageable – comme les pharmacies, les épiceries ou encore les chantiers de construction – continuent de fonctionner quasi-normalement.
Stéphane (*), lui aussi, n‘a pas d‘autre choix que de travailler. Ce ressortissant camerounais est chauffeur de taxi dans l‘émirat : « Mon activité se porte de plus en plus mal. Hier, par exemple, je n‘ai eu que 14 clients alors qu‘en moyenne je tourne autour de 30 par jour. Aujourd’hui, je ne sais pas si je vais atteindre les 10 clients. Par ailleurs, je m‘inquiète aussi pour ma santé. Je n‘ai pas de masque, ni de gants. Je me remets à Dieu ».
Ces dernières mesures prises par les autorités émiriennes s‘ajoutent aux nombreuses autres prises bien plut tôt. Le 16 mars, le ministère de la Santé avait déjà annoncé la fermeture de tous les lieux de cultes. Une nourrice ougandaise nous confie d‘ailleurs participer à présent à des offices en ligne depuis chez elle.
Appel général au confinement
Ce comportement est conforme aux recommandations officielles. Car les autorités exhortent en effet tous les résidents à rester chez eux. Sur twitter, une vidéo est d‘ailleurs devenue virale. On y voit un policier de Dubaï interpeller un résident à l‘aide de son mégaphone afin qu‘il retourne à son domicile :
Pour faciliter le travail des autorités, de nombreuses entreprises ont déjà proposé depuis plusieurs semaines le télétravail à leurs employés. C‘est notamment le cas pour Andy, un directeur commercial écossais qui travaille dans une entreprise technologique : « Je travaille toujours mais depuis la maison maintenant. Nous essayons de nous isoler autant que possible en nous déplaçant seulement dans les magasins pour acheter de la nourriture. Nous sortons aussi pour faire de l’exercice en utilisant nos vélos (…). Nous prévoyons de rester à la maison aussi longtemps qu’il le faudra pour rester en sécurité ».
Navraj, un autre ressortissant britannique, était lui en déplacement professionnel à Londres avant que la propagation du virus ne s‘aggrave. Au regard de cette situation, il a fait le choix d‘y rester : « Je ne suis pas revenu à Dubaï depuis le coronavirus. Je souhaite revenir bientôt dès qu‘il sera possible et sûr de le faire ».
Les ambassades participent à l‘effort national
Dans un pays où l‘on estime la part des expatriés à plus de 80% de la population totale, les différentes ambassades dans le pays œuvrent aussi à l‘effort national.
L‘ambassadeur de France, Ludovic Pouille, appelle par exemple au bon sens des ressortissants français qui résident aux Émirats arabes unis : « Nous avons 30 000 résidents français aux Émirats qui sont calmes. (…) Je suis particulièrement confiant. La communauté française saura se montrer responsable ».
Même son de cloche à l‘Ambassade d‘Inde d‘Abu Dhabi : « Plus de 3,4 millions d’expatriés indiens résident aux Émirats arabes unis, en plus des milliers de visiteurs indiens qui fréquentent le pays pour le tourisme ou les affaires. Il a été vivement conseillé à tous nos ressortissants de rester aux Émirats et de respecter les avis émis par le gouvernement pour combattre et limiter la propagation de Covid-19 ».
De son côté, l‘ambassade du Pakistan – une autre communauté très représentée aux Émirats – a mis en ligne sur son site internet « des consignes de sensibilisation au coronavirus ».
Des mesures punitives en cas de non-respect des règles
Car en cas de non-respect des règles mises en place par les autorités émiriennes, les sanctions pourraient tomber. Le 24 mars, la police de Dubaï a par exemple fait savoir qu‘elle avait arrêté une jeune citoyenne européenne « montrant son indifférence » dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux à l‘égard des instructions des autorités. Un peu plus tôt dans la semaine, un autre Européen a lui aussi fait face au même sort. Il avait diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo où il « se moquait des mesures de précaution émises par les autorités sanitaires ».