Après avoir repris l’entreprise agricole familiale, Aristide Tchemtchoua s’est donné pour défi de la développer et de positionner sur le marché d’exportation. Un pari risqué, mais qui a finalement porté ses fruits, puisque son cacao est convoité par de grands chocolatiers français.
Dans la localité de Nkog-Ekogo située au Centre du Cameroun, un groupement de planteurs de cacao cultive sur plus de deux hectares, du forastero (cacao allemand) et du trinitario (cacao hybride). La coopérative agricole exporte jusqu’à 100 tonnes de fèves par saison moyennant 1 650 FCFA le kilogramme, vers l’Europe ou sa clientèle est majoritairement constituée de chocolatiers français.
C’est en 2015 que Aristide Tchemtchoua (en rouge sur la photo), mue par le désir de meubler son temps libre après ses occupations familiales, décide de contribuer à l’entretien de la cacaoyère de ses parents âgés. Elle cherchait à vendre son cacao sur d’autres circuits que les marchés industriels traditionnels peu rentables. Sans être certaine du retour sur investissement, elle prend le risque d’exporter 200 kilogrammes de fèves de cacao à de potentiels clients membres de la Confédération des chocolatiers et confiseurs de France.
Séduits par la qualité des fèves qu’ils qualifient de « bio », car respectant le processus de traitement (récolte, fermentation, séchage et stockage), les chocolatiers français vont multiplier les commandes et susciter la mise sur pied d’un groupement de planteurs. Une instance qu’Aristide Tchemtchoua dirige à ce jour.
Les populations du village de Nkog-Ekogo vivent dans la pauvreté et n’ont pas les moyens de développer leurs petites activités agricoles, dont la culture du cacao. Avec l’aide du Français Christophe Bertrand, ils ont réussi à s’organiser en coopérative, à monter une fermentation alcoolique et à construire un hangar de stockage de grosses quantités de cacao. L’initiative leur a permis d’augmenter les prix de vente et ainsi d’accroitre leurs revenus.
À mesure que le projet se développait, sa clientèle étrangère a augmenté. Le village a ainsi vu son niveau de vie s’améliorer.
« Je contribue à l’amélioration de leurs rémunérations, de leurs situations, et profite d’un cacao de qualité moins cher grâce à notre circuit court », avait déclaré Christophe Bertrand.
Sur le média national Cameroon Tribune, Aristide Tchemtchoua dévoile qu’une cargaison d’environ 80 tonnes vendue à 1 650 FCFA le kg vaut 132 millions FCFA.
« 1 300 francs reviennent au planteur et 350 francs sont destinés au fonctionnement de la coopérative. L’exportation des fèves a l’avantage de permettre aux planteurs de traiter directement avec les chocolatiers sans passer par des intermédiaires, et d’avoir ainsi plus de bénéfices », déclare-t-elle.
L’entreprise en étant encore à ses débuts, Aristide Tchemtchoua espère augmenter les bénéfices en renforçant la production. À l’avenir, elle ambitionne de se lancer elle-même dans la transformation du cacao en produits comme la poudre de cacao, le savon et bien d’autres dérivés.
Aïsha Moyouzame